L'ANSM CONTRAINTE DE RENONCER A UN RAPPORT INDIGENT SUR LE MERCURE DENTAIRE
*ANSM: Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé
Contexte. En décembre dernier, l’association Non Au Mercure Dentaire (NAMD) prenait connaissance d’un projet de rapport de l’ANSM clairement destiné, une fois encore, non pas à évaluer la toxicité des amalgames dentaires, mais à les innocenter en vertu d’une méthodologie biaisée. Les critiques de NAMD seraient restées sans effet si nous n’étions intervenus auprès de la Direction Générale de la Santé (DGS) qui, sur la base des « nouveaux éléments » que nous apportions, a ressaisi l’ANSM. NAMD a donc fait l’objet d’une audition en mai dernier devant la Commission de prévention des risques liés à l’utilisation des produits de santé de l’ANSM. Très instructif, le compte-rendu de la séance a été mis en ligne le 8 octobre 2013.
« Une pseudo méta-analyse ». La commission a estimé que le rapport ne pouvait être publié en l’état. Plusieurs membres critiquent les insuffisances de la bibliographie ; l’un d’eux, Alain-Claude Roudot [1], fait valoir qu’« une évaluation de risque ne peut [...] pas être réalisée sans étude toxicologique et d’exposition », comme c’est ici le cas ; en deux mots, la copie rendue par l’ANSM ne constitue selon lui qu’une « pseudo méta-analyse ». D’autres carences graves sont pointées :
comment se fait-il que le rapport ne mentionne pas le contexte international « illustrant que personne ne veut du mercure » ?
Comment les experts peuvent-ils passer sous silence la toxicité de ce métal, et le fait qu’il « soit en passe d’être classé CMR (cancérogène, mutagène, reprotoxique) »?
Comment peut-on se dispenser d’évaluer « la dose de mercure chez les personnes atteintes de pathologies » ?
Comment évacuer aussi l’évaluation des alternatives aux amalgames ?
Comment éviter de rappeler que « l’absence de preuve ne signifie pas absence de danger » [2] ?
« La mort annoncée [des] amalgames ».
Jean-Louis Blache [3] craint qu’en présentant un rapport de cette nature, l’ANSM ne « soit taxée d’être « pro-amalgame ». Serge Boarini [4] appelle également l’Agence à la prudence : « la recommandation de l’ANSM est [...] transitoire en attendant la mort annoncée » du mercure dentaire. Le représentant des usagers Amédée Muller [5] rappelle « que le mercure est un poison et que les amalgames dentaires sont en cours de disparition. Il paraît par conséquent difficile d’approuver un rapport qui ne prend pas en compte [le] principe de précaution ».
En somme, en continuant de proclamer que le mercure ne ferait courir aucun risque, alors qu’il disparaît de tous ses usages en raison même de sa dangerosité, l’Agence s’expose au ridicule... mais c’est un ridicule morbide et mortifère qui, en faisant perdurer l’usage des plombages, menace les patients, les professionnels, leurs enfants, l’environnement et, par suite, la population générale.
Une transparence très nécessaire:
Suite à l’intervention de Non Au Mercure Dentaire, le Directeur Général de l’ANSM a dû renoncer à publier le projet de rapport en l’état, et a demandé qu’il soit « complété par les données d’une revue systématique de la littérature. » On ne peut que se féliciter d’une telle décision, et espérer qu’elle engagera l’Agence à faire preuve d’une rigueur accrue dans ses expertises à venir. Car cet épisode illustre bien qu’en l’absence de garde-fous l’ANSM continue de fonctionner sur la base de principes trop souvent moins favorables à la santé publique qu’à la satisfaction des fabricants de produits de santé ou des instances professionnelles. Il faut donc que l’Agence apprenne désormais à intégrer de manière systématique la vigilance citoyenne... une ambition qui semble encore bien lointaine !
(Source article: Association NAMD)